Le dictionnaire des droits de l’enfant : une consécration de A à Z

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La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) a marqué un tournant dans la reconnaissance juridique des mineurs. Après plus de 30 ans, le combat continue avec la création en 2019 du Dictionnaire des droits de l’enfant.

Créé par la juriste suisse Marie-Françoise Lücker-Babel, ce dictionnaire consacre un répertoire entier aux droits de l’enfant à l’usage des mineurs. Pour l’autrice, la conception d’un dictionnaire attribue à l’enfant un statut essentiel à son évolution dans la société. Celui de « murs porteurs » d’une société future fondée sur le respect de chaque être humain.

Ce dictionnaire est donc éminemment éducatif. Il a pour ambition de former des générations futures qui ont pleinement conscience de leur potentiel et de leur valeur intrinsèque. Portrait d’une femme exceptionnelle qui a toujours placé l’enfant au cœur de ses préoccupations.

Le dictionnaire des enfants : un ouvrage pédagogique

Illustré de manière ludique par Pauline Kerleroux, le Dictionnaire des droits de l’enfant explique 580 définitions touchant différents domaines.

Ainsi, différents thèmes sont abordés :

  • l’égalité, la famille,
  • le développement durable,
  • ou encore la protection des données personnelles …

Cet ouvrage a été intitulé « dictionnaire » en raison du classement alphabétique des notions abordées. Il vise cependant une conception plus large. Il invite les jeunes lecteurs à la réflexion afin de permettre à l’esprit une véritable (re)mise en question de l’environnement juridique de l’enfant.

Ce dictionnaire a pour objectif d’amorcer une méditation sur :

  • les conditions de vie de l’enfant,
  • l’histoire et l’évolution de ses droits,
  • ainsi que son impact sur la société lorsqu’il sera adulte.

L’auteure met également en exergue les différentes formes d’abus sexuels sur mineurs, en expliquant précisément quelles en sont les différentes formes. Elle précise notamment que chaque enfant a le droit à une protection de son intégrité physique garantie par le système juridique étatique. Plus que de l’information, cet ouvrage participe à l’éducation juridique des enfants.

La conception de Marie-Françoise Lücker-Babel sur les droits de l’enfant

Marie-Françoise Lücker-Babel est particulièrement active dans la défense des intérêts de l’enfant depuis les années 80. Elle est partisane d’une certaine forme de démocratie infantile, sans toutefois tomber dans les excès d’une liberté totale accordée aux enfants.

Elle milite pour la participation des jeunes à la vie civique. Elle les forme ainsi à devenir des citoyens actifs au sein de la société. L’avis donné par un enfant est selon elle d’une extrême importance.

Il n’y a pas de « cassure psychologique » entre l’enfant et le futur adulte. Il forme un tout continu qui doit être éduqué à la vie juridique le plus tôt possible. Marie-Françoise Lücker-Babel s’appuie sur la Déclaration universelle des droits de l’Homme pour conférer à l’enfant une dignité intrinsèque à sa personne. Et ce, même s’il n’a pas encore atteint la majorité.

De plus, elle défend le droit pour les enfants adoptés d’accéder aux informations concernant leur famille d’origine. En effet, son intervention au sein de l’ONG Défense des Enfants International a permis de poser un cadre juridique plus strict lors de la procédure d’adoption.

Pour la docteure en droit, les droits de l’enfant sont assortis de devoirs. Cela met un frein à ses détracteurs, qui l’accusent de favoriser le sacre de l’enfant-roi. Il n’en est pourtant rien. Si l’éducation aux droits s’accompagne d’une éducation aux devoirs, l’enfant deviendra un citoyen responsable. Il sera soutenu par une estime de lui-même qui ne laissera personne abuser de sa personne.

L’éducation des adultes aux droits des enfants : un défi quotidien

Pour Marie-Françoise Lücker-Babel, les droits des enfants font autant l’objet de violations diverses que les droits des adultes. Ainsi, il s’agirait d’un idéal vers lequel tendre car personne n’est parfait. La loi sur l’interdiction des violences éducatives ordinaires, aussi appelée « loi anti-fessée » (votée le 11 juillet 2019), reconnait officiellement le droit des enfants à bénéficier d’une autorité parentale « sans violences physiques ou psychologiques« .

Pourtant, cette loi a une portée limitée, car faire respecter ces droits dans l’intimité d’une famille reste difficile dans une société où les violences corporelles sur les enfants sont encore très présentes et acceptées de tous.

Pour autant, le droit marque un tournant social dans le sens où l’action en justice reste possible théoriquement. Le travail sur le terrain des associations de protection de l’enfance témoigne de cette insuffisance de moyens mis en place pour assurer la protection des droits des enfants. Néanmoins, le combat ne doit pas laisser place au découragement face à l’ampleur de la tâche.

Pour le psychologue et psychanalyste Stéphane Weiler, l’existence d’une loi participe à la construction psychique de l’enfant. En tant qu’élément tiers, le droit ne peut remplacer la qualité des relations sociales, seuls à même d’établir un équilibre psychologique durable. Ce sont là les limites du droit dans notre société.