Privées de tout ou partie de leur chiffre d’affaires, nombre d’entreprises ont été malmenées par la crise sanitaire. Pour beaucoup, l’urgence est de se remettre à flot et d’anticiper les conséquences financières de cette année particulière. Dans ce contexte, la recherche de nouvelles ressources peut devenir essentielle à la survie de l’entreprise. Mais, pour protéger la société comme ses associés, le choix de la méthode de levée de fonds doit être réfléchi et adapté aux objectifs.
Pourquoi augmenter les capitaux propres de son entreprise ?
D’un point de vue comptable, les fonds propres d’une société ou, autrement dit, ses capitaux propres sont essentiellement constitués du capital social, des réserves légales et statutaires, du report à nouveau et du résultat de l’exercice. Ils correspondent ainsi aux ressources laissées à la disposition de la société par les associés pour financer l’exploitation ainsi que celles générées au fil du temps par son activité.
D’un point de vue financier, les fonds propres sont associés à la trésorerie disponible de l’entreprise. Cette réserve de liquidité sert tant à se prémunir contre les imprévus qu’à réaliser de nouveaux investissements. Elle représente une ressource à la fois stable et sécurisante pour le bon développement de l’entreprise.
Renforcer les fonds propres de sa société implique donc d’injecter de nouveaux capitaux dans l’entreprise. L’endettement, utilisé pour couvrir temporairement les besoins en fonds de roulement ou les investissements à venir, ne constitue pas un apport de fonds propres. Un recours important à l’endettement trahit en général le degré de dépendance de la société vis-à-vis des banques ou de ses fournisseurs et par conséquent une plus forte exposition de la société aux risques extérieurs.
Par ailleurs, lorsque l’entreprise enregistre des pertes trop importantes, les déficits cumulés viennent diminuer le montant de ses capitaux propres. Or, le Code de commerce impose à la société de maintenir les capitaux propres à un montant au moins égal à la moitié du capital social. En cas de perte de plus de la moitié du capital social, la société dispose alors d’un délai de 2 ans pour régulariser sa situation. Si elle n’y parvient pas, elle s’expose à la dissolution de l’entreprise.
Dès lors, augmenter les capitaux propres de sa société devient incontournable pour maintenir la santé financière de l’entreprise et son développement, améliorer sa trésorerie, garantir sa solvabilité auprès de ses partenaires financiers et commerciaux et accéder sereinement aux crédits bancaires.
Comment augmenter ses fonds propres ?
Pour faire face aux besoins financiers de la société, plusieurs solutions s’offrent aux dirigeants d’entreprise. Que les ressources soient d’origine interne ou externe, la méthode de levée des fonds retenue ne sera pas sans impact sur la gestion comme sur le contrôle de la société.
L’apport en compte courant d’associé consiste en un versement de fonds généralement issus du patrimoine personnel de l’entrepreneur ou de l’un des associés. La mise à disposition, rémunérée ou non, de ces sommes d’argent auprès de l’entreprise répond en principe à un besoin de financement temporaire. L’usage du compte courant d’associé présente l’avantage de récupérer les fonds prêtés dès que la situation de l’entreprise le permet, le cas échéant, selon les conditions fixées par la convention de compte courant. Ce type d’apport reste sans conséquence sur la répartition du capital social entre associés sauf à procéder à une augmentation de capital par incorporation du compte courant.
L’apport de fonds peut également résulter d’un don ou d’un prêt de l’entourage (famille ou amis) des associés. Lorsque la levée des fonds répond à un projet précis, l’entrepreneur peut recourir à un site de financement participatif sous forme de crowdfunding (don), crowdlending (prêt) ou crowdequity (prise de participation au capital de la société). La plateforme choisie permet alors la mise en relation entre l’entrepreneur et les particuliers motivés pour investir dans le projet.
Lorsqu’une augmentation de capital par apports en numéraire est envisagée, les associés apportent une somme d’argent supplémentaire proportionnelle à leur participation dans le capital social. Toutefois, l’augmentation de capital peut être l’occasion d’intégrer de nouveaux investisseurs au sein de la société. En échange de leurs apports en numéraire, ceux-ci reçoivent de nouvelles parts sociales ou actions. En outre, les souscriptions au capital de PME permettent aux apporteurs de bénéficier, sous certaines conditions, de réductions d’impôts. La société peut également faire appel à un fonds d’investissement spécialisé en contrepartie d’une prise de participation au capital de la société.
Quoi qu’il en soit, il demeure important de bien étudier les conséquences de chacune de ces options et leur adéquation avec le but recherché par la levée de fonds. Afin de conserver le contrôle de la société et limiter le risque de dilution de la participation des associés fondateurs au sein du capital social, différentes techniques juridiques existent. Bien s’entourer et bénéficier de conseils juridiques appropriés tant au niveau du choix que de la réalisation de son projet reste le meilleur gage de succès sur le long terme.